mardi 8 novembre 2011

Les Intouchables : Attention, placement de produits Galvaudés


Les Intouchables, film sorti en salle le 2 novembre 2011, d' Eric Toledano et Olivier Nakache ; avec François Cluzet et Omar Sy.



Après avoir lu les critiques dithyrambiques de la presse sur ce film, qui disait que chaque fin de séance se terminait par une ovation, je me suis dit: "ça c'est un film que je ne veux pas rater, une bonne comédie française, j'ai hâte de voir ça".
La poudre aux yeux, j'avais hâte de bien rire.

Alors oui c'est vrai, le film commence plutôt bien, on rit avec plaisir à plusieurs reprises dans les premières 45 minutes du film, ha une bonne comédie, enfin ! on y croit. Mais ça se gâte et il reste une heure.

D'un côté on nous vend un personnage de télévision et d'un autre, les attendues jérémiades. Ha ça ratisse large ! 
Ce rouleau compresseur médiatique ne passera pas sur moi ! Je trouve vite fatiguant le battage autour des stars populaires du petit écran.

Les gens s'esclaffent à peine Omar Sy apparaît à l'écran, 
"ai-je loupé une subtilité du film ? J'ai peut-être mal compris". L'influence de la popularité et le succès du SAV des émissions qui donne cette dimension comique au personnage n'y sont peut être pas pour rien. On rit parce qu'on sait qu'il est drôle.  
Et en ça je ne critique pas sa prestation, il est assez bon, en tous cas égal à lui -même, il est bien dans le stéréotype de son rôle. 

Il faut être honnête, la prestation des acteurs est bonne ; François Cluzet est même excellent. Enfin il n'a pas attendu ce film pour être bon acteur.

Sous couvert d'être basé sur des faits réels, le film utilise toutes les ficelles et recettes des bons sentiments. Une petite cuillerée de tendresse, une amitié entre un noir (pauvre) et un blanc (riche) ; une petite pincée d'apitoiement sur la banlieue, une petite larme pour les gens qui travaillent et qui rentrent chez eux alors qu'il fait déjà nuit, comme tout le monde.
Le ton pleurnichard devient rapidement énervant.

Et oui comme la majorité des gens, je travaille et moi aussi quand je rentre le soir, le soleil a déjà pris la poudre d'escampette. J'en ai marre, comme beaucoup de gens, de l'image victimisante et systématique de la banlieue.

C'est une belle histoire, malheureusement les réalisateurs ou scénaristes n'ont pas résister aux grosses ficelles galvaudées. L'histoire de ces deux hommes perd toute sa dimension humaine.
Ca aurait pu être un très bon film.

5 commentaires:

  1. Je sors tout juste de la séance et c'est peut-être ma réaction à chaud mais je n'ai aucunement ressenti ce point que vous relevez et qui vient généralement m'irriter dans le cinéma français actuel. La caricature des banlieues, le ton pleurnichard, tout cela ne m'a pas interpelé. J'ai tout simplement vu un film traitant d'une histoire vraie (bien que très peu probable bien sûre) et qui m'a fixé un sourire au visage durant toute la séance. Ce film m'a en quelque sorte réconcilié avec le cinéma français.

    On est bien conscient qu'une amitié entre un jeune de banlieue et un tétraplégique abonné à la place Vendôme est peu probable mais nous n'avons pas pour autant cette animosité envers les riches comme essaie de nous l'expliquer Thierry de Cabarrus (qui soit dit en passant, doit certainement habiter Aubervilliers ou Garges-les-Gonesses son père étant le fondateur de la banque centrale espagnole). Cette critique m'a d'ailleurs plus fait rire par son côté bourgeois bohème qui se sent proche des pauvres que le film qui relate simplement un fait divers en le romançant quelques peu. Alors oui Omar Sy joue la caricature des banlieues mais sans pour autant surjouer et sa prestation m'a d'ailleurs étonné.

    Je suis parti voir ce film quelque peu réticent et en suis sorti bien étonné. Peut-être le fait que ce film ait été encensé par les critiques peu nous faire nous attendre à mieux que ce qu'on espérait et nous décevoir et c'est ce à quoi je m'attendais mais j'ai été agréablement étonné.

    Je m'attendais justement à un film larmoyant parlant d'un pauvre riche tétraplégique rencontrant un pauvre pauvre de banlieue mais les seules larmes qui m'ont été arrachées ont été des larmes de rire.

    En revanche il est vrai que les critiques en faisant des éloges ont le don de m'exaspérer en nous ressassant le terme de la "bienveillance" encore utilisé par Pujadas à l'instant. On essaie de nous le vendre en période de crise comme on proposait du pain et des jeux à l'époque. On nous prend un peu pour des bœufs qu'on nourrit de télé-réalité et de films gentils. Ce film est peut-être arrivé au "bon" moment mais je l'ai aimé en faisant abstraction de tout ça le temps d'un film.

    Je ne pense pas que ce film appelle forcément à la réflexion mais plutôt qu'il nous prend par la main et nous amène à rire de ce fait divers peu commun.

    Passez une bonne soirée.

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  2. Bonsoir, je suis ravie que vous ayez apprécié le film. Cette critique est mon ressenti et mon expérience qui diffère de la votre, et tant mieux, chacun a des critiques différentes, merci pour votre partage, il est très agréable.
    bonne soirée

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  3. Merci également pour votre critique. Cela permet d'avoir les différents sons de cloche au moins.

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  4. Je pense que les spectateurs français se sont tellement habitués aux comédies dramatiques avec leurs grosses ficelles et leurs scénarios prévisibles sur des kilomètres qu'ici le fait qu'ils ont cherché à faire le minimum syndical niveau subtilité méritait d'être salué.

    Seulement pour avoir vécu en banlieue pendant près d'une vingtaine d'année j'ai trouvé que celle-ci était dépeinte de façon extrêmement réaliste (j'ai grandi aux 4000 à La Courneuve) et je me demande sincèrement où vous avez vu de l'apitoiement pour les banlieusards dans ce film. Ils vivent modestement c'est vrai, mais ce n'est pas le fait d'être pauvre qui leur pose problème mais plutôt l'attitude des enfants qui jouent aux grands et "tournent mal", et la fuite en avant d'un type qui n'arrive pas à assumer son rôle d'"homme de la maison" en tant qu'aîné (les pères absents, ça aussi c'est très courant dans les familles immigrées de banlieue)

    Si vous parlez de la scène où il attend sa mère qui fait le ménage, ce serait ignorer que la quasi-totalité des femmes immigrées sans qualification se tournent vers ce travail par défaut (donc c'est très répandu et pas forcément le signe d'une situation triste); que dans les bureaux les ménages se font forcément en fin de journée ou très tôt le matin (donc de nuit) pour ne pas déranger les autres employés, la voir sortir en plein jour aurait donc été incohérent; que le métier de femme de ménage se fait à temps partiel, en deux heures c'est bouclé, ce n'est pas comme si elle s'épuisait à la tâche. Et enfin ce passage est censé être triste plus à cause de la relation mère/fils (ou plutôt tante/neveu) très tendue qui les fait souffrir tous les deux, plutôt que pour le côté "quelle tristesse elle fait le ménage à six heures du soir".

    Pour une bonne partie des banlieusards, la réalité c'est le LIDL, le chauffe-eau qui déconne, l'ascenseur qui est en panne pendant six mois, des familles entières dans des F2, des jobs à temps partiels à compléter avec des boulots au noir pour pouvoir tenir, et ça n'a rien de marginal, c'est courant, c'est même à l'échelle de villes entières ! Quand je lis "J'en ai marre, comme beaucoup de gens, de l'image victimisante et systématique de la banlieue" j'ai envie de dire "mais que voulez-vous que les banlieusards fassent ?" Qu'on dépeigne une banlieue joyeuse et colorée à la place, où tout le monde est content et a un super job ? Politiquement parlant ça ne passerait pas, ce serait de la propagande.

    J'ai le sentiment que la plupart des critiques négatives sur le film sont faites parce que ceux qui les écrivent n'ont jamais mis un pied en banlieue,pas la banlieue au sens de "périphérie parisienne" mais les vraies villes de pauvres, type Saint-Denis, Garges-lès-Gonesse, Sarcelles, La Courneuve... (et je ne vous juge pas pour cela, c'est aux critiques pros de faire ce travail et manifestement De Cabarrus ne l'a pas fait non plus). Si vous connaissiez vous n'auriez pas eu la sensation que le trait avait été grossi, des Driss il y en a des milliers là-bas. Au contraire j'ai trouvé qu'on sortait par moment de l'habituelle caricature du sauvage de banlieue sans cervelle avec la vanne sur Berlioz par exemple. Dire qu'Omar Sy reste dans un stéréotype de lui-même dans le SAV me parait un peu exagéré, il ne passe pas la totalité du film à balancer des vannes débiles et à lancer son rire gras tonitruant du SAV, il s'est aussi montré crédible dans la dimension dramatique du film.

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  5. (suite) S'il y a juste une chose avec laquelle je suis d'accord avec la critique de De Cabarrus, c'est que j'ai trouvé le personnage interprété par François Cluzet nettement plus cliché dans la surabondance de sa richesse (les riches ne sont pas des milliers à vivre dans un hôtel particulier avec dorures et moulures du XVème siècle), c'est dommage que vous n'en ayez pas parlé ici.


    Pour finir sur votre critique, on reste un peu sur sa faim, vous avez plus parlé du phénomène médiatique que du film en lui-même. Quid de la mise en scène, de la psychologie des personnages, de la banalisation d'actes répréhensibles par la loi ? En trois phrases vous expliquez que le film utilise des "grosses ficelles" et hop c'est plié. Étant donné que globalement votre critique est négative, on s’attend à savoir plus précisément pourquoi vous avez trouvé le ton "pleurnichard", et que vous mettiez des noms plus précis sur les ficelles en question.
    Un film avec de la "tendresse" est-il implicitement mauvais ? Auraient-ils dû rendre Driss un peu moins pauvre juste pour "faire plus crédible", en dénaturant le fait-divers de départ dont l'incongruité fait justement la beauté ? La mièvrerie m'irrite à forte dose mais je pense que de temps on a tous besoin d'un peu de "cucul" juste pour être de bonne humeur.

    "L'histoire de ces deux hommes perd toute sa dimension humaine." Je ne dis pas que vous avez tort mais quand on lit des formulations aussi cashs et péremptoires, on s'attend à ce que ce soit un minimum plus développé. Et j'ai bien conscience qu'on est sur un blog et donc que vous n'ambitionnez pas de faire une vraie critique professionnelle, mais entre "faire une critique pro" et "imposer un avis sans réellement l'étayer" il y a un monde. Tout le monde a un avis, encore faut-il que le donner serve à quelque chose.

    Voilà. Je passais par votre commentaire dans l'article de Cabarrus qui m'avait particulièrement remontée, j'espère ne pas avoir été sèche dans ce commentaire (qui est sans doute au moins dix fois plus long que votre article, désolée !) et que vous nous en direz plus sur ce que vous entendiez par là.

    Bonne fin de journée.

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